Il fallait bien y venir un jour ou l’autre ! Vous l’avez dans doute constaté, généralement, ici, quand l’on ouvre la bouche, c’est pour critiquer un bon coup tout ce qui peut aller de travers dans notre joli monde. Esprit de contradiction ? C’est certain. Une bonne chose ? Tout dépend du contexte.
Répondre noir à blanc, oui à non, et cætera, c’est vraiment plus que courant. On ne parlera pas des politiques qui ressentent le besoin systématique de massacrer l’adversaire même s’il aurait agi de même. Non, cette éducation à la critique et ce sens de la contradiction se constate dès la petite enfance : tous les bambins de deux ans passent par la phase du « NON ! » à toutes les sauces. Jusque là, rien de problématique. C’est naturel, si l’on peut parler en ces termes.
Mais lorsque l’on en vient à affirmer l’inverse de ce qu’avance l’interlocuteur parce que c’est le contraire, et non parce qu’on le pense réellement, la partie devient nettement plus dangereuse. Et c’est ça, l’esprit de contradiction : c’est aller jusqu’à se contredire soi-même, pourvu que l’autre n’ait pas le champ libre dans ses propos.
On peut tout de même y voir quelques avantages : dans toutes les conversations, le débat est assuré ! Et, plutôt intéressant aussi, le fait que les deux parties sont systématiquement représentées. Pour terminer, l’esprit de contradiction permet au besoin de passer sa colère sur ses interlocuteurs s’ils sont jugés trop péremptoires, et de leur rabattre le caquet au cas où ils exposeraient des arguments creux, sous prétexte, par exemple qu’ils prêchent des convaincus.
A l’inverse, ânonner bêtement à tout ce que l’on vous raconte n’est pas une solution non plus ! Mis à part marionnette de Guignol, vos perspectives de carrière sont plus que limitées.
En somme, avoir l’esprit de contradiction, c’est bien souvent avoir une grande gueule. Et, après tout, ce n’est pas si mal… Mais simplement un tantinet dangereux pour la santé mentale de ses interlocuteurs, et à user avec modération.
lalignefranche 